Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer. Dans les vals profonds qu’elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l’homme et leur murmure était de mystère.
La route, Cormac McCarthy,
traduction de l’américain par François Hirsch
D’une part, on a le récit. Un conte qui se déroule comme un voyage au cœur d’un temps post-cataclysmique, inspiré notamment par La route, roman culte de l’écrivain américain Cormac Mc Carthy. La terre y est encombrée de cendres, stérile. La vie gelée.
Et par ailleurs – autre espace, autre temps – deux femmes, confinée chacune dans une capsule de taille humaine. Venues vivre en terre sauvage une expérience de silence et de solitude, elles rencontreront l’extrême. Au cœur d’elles-mêmes et au gré des bouleversements, elles écrivent. Ça s’écrit même sous nos yeux. Et c’est là où Frost flirte avec la performance, puisque cette création fera intervenir deux auteures – Julie Gilbert et Antoinette Rychner – sur le plateau pour écrire des textes en direct, inédits, soir après soir.
Entre ces deux figures et un héros affrontant un environnement hostile va se jouer le pari d’un avenir, une issue à la fois tragique et porteuse d’espérance.